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JULIE WOOD BENARD

By 3 juin 2020 novembre 13th, 2021 No Comments
Motardes Qui Déchirent

Vous savez quoi ? J’ai rencontré Julie Wood !!

En vrai, pas en BD !

Vous pensiez qu’elle venait d’outre-Atlantique ? Pas du tout ! Elle est arrivée sur terre il y a une quarantaine d’années, sur les bords du lac Léman, à Genève très exactement… Donc Suisse ! D’ailleurs, pour elle, une course ne serait pas une course sans la traditionnelle fondue dégustée dans les paddocks entre potes.

Parce que cela fait 15 ans qu’elle les écume ces fameux paddocks ! Et excepté dans les courses réservées aux filles, elle s’est bien souvent retrouvée seule féminine dans la compétition.

Décidément pas conformiste elle a abandonné les boulots de bureau, comme diraient les Canadiens, trop « plates » (c’est quand même plus drôle comme adjectif qu’ « ennuyeux », non ?) et s’est reconvertie en chauffeur de bus !

« Ça m ’empêche pas d’être féminine même si je suis dans un monde de mec. Conduire les bus, j’adore ça, je suis libre »

Et si vous lui demandez quel est son chanteur préféré, et bien, je pense que vous avez déjà deviné !

Sa première moto ? à 3 ou 4 ans et elle était … en bois !

À 20 ans, elle rencontre des folles de moto : deux copines qui, assises un soir sur une poubelle et en avait marre d’être « commandées » par des mecs, ont décidé de créer un team de filles qui a duré presque 18 ans… les Mi-ange Mi-démon.

« On ne voulait plus avoir à prouver qu’on est femme et qu’on peut faire de la moto. On se prenait pas au sérieux. »

Julie intègre le club, elle roulait en 50 et dans un rasso un mec l’a mise au défi d’être en 125 l’année suivante : à 22 ans elle passe le permis 125 et à peine plus d’un an plus tard, elle commence la compèt avec la course de côte de Verbois, qu’elle fera chaque année.

La course de côte est une discipline qui consiste à parcourir le plus rapidement possible un tracé sinueux, exclusivement sur asphalte, au dénivelé relativement important, de plus d’un kilomètre et qui peut aller jusqu’à plus de 10 kilomètres, enchaînant lacets, accélérations rapides et virages serrés. Les concurrents partent chacun leur tour du bas de la côte et essayent de la gravir en prenant le moins de temps possible.

C’est d’ailleurs à cette époque qu’elle a gagné son surnom lorsque, pendant un roulage, elle a serré son moteur sur la ligne droite du Castellet et a ramené la moto aux paddocks en la poussant.

À 25 ans, après avoir fait ses deux ans de pratique obligatoire à sillonner 25 000 km des routes de Suisse et d’ailleurs, elle passe son permis gros cube.

À 26, elle participe à 2 manches du Championnat Suisse de vitesse mais c’est à 28 ans que les choses sérieuses commencent :

Un copain lui propose une endurance à l’arrache et un an après une pote lui propose de faire la Dream Cup, une coupe moto féminine en vitesse qui prenait la relève de la Coupe Motor Eve (1988) et du Trophée Féminin de Vitesse (1991) et qui avait comme raison d’être de faciliter l’accès des circuits moto et de la compétition moto à un maximum de femmes… Une course totalement réservée aux filles, ouvertes à toutes, quelque soit le niveau.

A 32 ans elle s’attaque aux 500 miles de Magny-Court où elle fait partie du seul équipage féminin. C’est une course amateur qui permet de bien se rendre compte de ce qu’est l’endurance. 500 miles, soit un peu plus de 804 km ou encore 183 tours, c’est la distance à parcourir en équipe, le plus rapidement possible. La course démarre en fin d’après-midi à 18h30, pour se terminer aux alentours de 1h du matin, ce qui est l’occasion de découvrir le roulage de nuit sur circuit.

« On s’est battues pour les qualifs : je faisais le tour en 2’3 », il fallait le faire en moins de 2′, je l’ai fait en 1’59 ; on était les seules nanas ! Ce que j’aime, c’est une femme dans un monde de mec. »

Vous devriez voir les étoiles dans ses yeux quand elle en parle et vous raconte la magie de ces moments de course la nuit.

« Un jour, j’avais eu un déclic : je serais championne ! Et tu fais les 500 miles, tu es une championne ! »

Les 2 années suivantes, elle fait la Michelin Power Cup en vitesse puis en endurance. En 2013, c’est de nouveau les 500 Miles où elle est seule féminine. En 2017, elle se lance dans le Championnat de France de la Montagne de courses de côte.

Et en 2018, elle n’a peur de rien et s’attaque cette fois à 2 championnats : le Championnat de France et de Suisse de la Montagne et le Championnat de France de vitesse, la Women’s Cup.

« La Women’s cup, c’est un vrai championnat qui met en avant les filles pour les lancer en compèt. La Women’s Cup, c’est une bande de potes. Sur la piste, on se fait pas de cadeaux mais on n’est pas dangereuses. Tu peux dire  »je vais te niquer ta race » et à côté, être super copines : même sur la piste pendant les essais et roulages, on se montre les traj, on s’aide sur le paddock. »

L’objectif de sa saison 2018 c’était les top 10 et bien c’est chose faite !! et comme, quand on aime, on ne compte pas, en 2019, elle courre 4 championnats ! Women’s Cup, Trophée Aspi Racing en vitesse et endurance, Championnat Suisse de la Montagne, Ultimate Cup. En passant, histoire de ne pas s’ennuyer, un petit week-end de course en side-car comme singe, pour finir par la course de côte de Verbois, et, cerise sur le gâteau : la finale du SBK espagnol à Jerez les 2 et 3 novembre, soit 19 courses !

« Pourquoi je fais de la compétition? Pour me dépasser et repousser mes limites…. ce que je préfère ? l’endurance : c’est des mousquetaires : 1 pour tous, tous pour 1. Je suis pas une solitaire, j’aime la vie en communauté, l’entraide. J’aimerais faire du side ; c’est comme en endurance : une histoire d’équipe »

ses inspiratrices ?

« C’est grâce à Sandrine Martin et Anne Pillet que je suis là aujourd’hui à 40 ans ; je roule pour elles et mes potes mecs. Anne Pillet, c’est mon Rossi à moi. Je kiffe ma vie : ma famille, mes potes sont fiers de moi. Si je pouvais arrêter de travailler, je ferais que ça. J’apprécie plus à 40 ans qu’à 25 ; j’ai même plus peur de tomber, je m’éclate maintenant. Je veux me faire plaisir et bien rouler. »

Alors si vous venez vous aussi faire un tour sur les paddocks, vous reconnaîtrez vite sa moto avec ses deux mascottes : son Winnie qu’un jour, après un beau tonneau dans le bac à sable à Dijon, les commissaires de piste lui ont ramené en s’excusant de ne pas avoir réussi à le réanimer; et son crocodile pour lequel on la surnomme aussi Crocogirl : c’est un mec qui s’était crashé et lui a fait recommencer la moto en 2010 qui lui a offert.

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